Les Campagnes hallucinées. Les villes tentaculaires.

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Les Campagnes hallucinées. Les villes tentaculaires. Details

"L'ouvre de Verhaeren - et c'est là un des traits qui la distingue - porte témoignage de son temps. A cet égard, les Campagnes comme les Villes reflètent un des grands moments de l'ère industrielle et prolétarienne du XIXe siècle. L'émigration vers les concentrations urbaines est un phénomène trop connu pour qu'on l'appuie ici de références historiques précises. Engagé par ses idées dans le mouvement d'émancipation sociale, le poète ne pouvait se borner à en transcrire l'idéologie. Le risque n'en subsistait pas moins de sombrer dans le prosaïsme. Ce danger, il faut le reconnaître, n'a été évité que de justesse. Sans doute, Les Villes tentaculaires n'affichent pas encore le prosélytisme humanitaire qui pèsera sur Les Forces tumultueuses et La Multiple Splendeur après que leur auteur aura découvert le chemin qui le conduit à la célébration du travail, de l'effort dans la joie, de la solidarité universelle. Cet idéal se trouvait déjà en puissance dans le poème L'âme de la ville où la ville se projette dans un avenir messianique. Ainsi naît un culte, celui du cerveau et de la science, illustré à la fin des Villes tentaculaires par des pièces telles que La recherche et Les idées. " Maurice Piron.

Reviews

La poésie, comme la musique, comme tous les arts, n'est jamais démodée. Même d'hier, elle chante à nos oreilles. Celle de Verhaeren suscite encore en nous beaucoup d'émotions. Ses campagnes hallucinées sont atrocement poignantes. Le phénomène social de l'exode rural, la misèrepaysanne résultant de la fascination attractive des villes en plein essor, nous rappelle que la mutation économique de notre époque a sinistré aussi bien des régions rurales et artisanales et que de secteur en secteur de développement, s'opère chaque fois le même phénomène progressif de désertification. Les images de paysages meurtris, abandonnés, lugubres, voire macabres, sont magnifiques et combien éloquentes . Souvent elles prennent la forme d'un expressionnisme, parfois d'un surréalisme où rôdent les ombres de la folie, de la démence. Tous les panoramas sont empreints du désespoir de l'homme, contraint d' abandonner sa terre, sa maison, son hameau, son village. Toute l'expression de ce poète est musique, une musique qui lui est propre avec ses accents douloureux, mélancolique où grondent parfois les sons graves de révolte contenue.Je recommande une lecture attentive aux poésies des campagnes, à la plaine, et dans le recueil des villes : la révolte, le bazar, la mort, l'étal.Aux amateurs de poésie, je souhaite qu'ils accordent à ce beau recueil toute leur sympathie et admiration.